Le Nutri-Score : Origine, Enjeux, Fonctionnement et Perspectives

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L’alimentation est un pilier de la santé publique, et le Nutri-Score s’est imposé ces dernières années comme un outil phare pour guider les consommateurs vers des choix alimentaires plus éclairés. Retour sur l’origine, les enjeux, le fonctionnement et les perspectives de cet étiquetage nutritionnel.

L’origine du Nutri-Score

Le Nutri-Score a été développé en France sous l’impulsion des travaux du professeur Serge Hercberg, spécialiste en santé publique et nutrition. Adopté en 2017, cet étiquetage nutritionnel volontaire s’inscrit dans le cadre du Programme National Nutrition Santé (PNNS), visant à prévenir les maladies liées à une alimentation déséquilibrée, comme l’obésité, le diabète ou les maladies cardiovasculaires. 

Inspiré de recherches scientifiques et développé en concertation avec des experts, le Nutri-Score a pour ambition de rendre l’information nutritionnelle plus compréhensible pour le grand public, au-delà des simples tableaux de valeurs énergétiques souvent jugés complexes. Ce système répond à des problématiques majeures de santé publique dans un contexte où la surconsommation de produits transformés a des répercussions importantes sur la qualité de vie des populations.

 

Les enjeux de l’étiquetage Nutri-Score

  • Santé publique : Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une alimentation inadaptée contribue à près de 1 mort sur 5 dans le monde. Le Nutri-Score vise à réduire ces statistiques en incitant les consommateurs à privilégier des produits alimentaires plus équilibrés. 
  • Simplification et éducation : En attribuant une note globale à chaque produit (de A à E, avec un code couleur du vert à l’orange foncé), cet outil facilite la compréhension des valeurs nutritionnelles et encourage des choix plus sains. Cela représente un progrès considérable dans un environnement alimentaire complexe où les consommateurs sont souvent submergés par des informations contradictoires. 
  • Responsabilisation des industriels : L’affichage du Nutri-Score pousse les fabricants à améliorer la composition de leurs produits pour obtenir une meilleure note. Cela se traduit par des révisions des recettes visant à réduire les sucres, les graisses saturées ou encore le sel. 
  • Uniformisation à l’échelle européenne : Alors que l’Union européenne s’efforce de standardiser l’étiquetage nutritionnel, le Nutri-Score pourrait devenir une référence commune, facilitant ainsi les comparaisons entre produits dans différents pays.

 

Le fonctionnement du Nutri-Score

Le Nutri-Score repose sur un algorithme scientifique qui évalue les qualités et les défauts nutritionnels d’un produit alimentaire. 

  • Points négatifs : Les éléments à limiter, comme les calories, les acides gras saturés, les sucres simples et le sel. 
  • Points positifs : Les éléments à encourager, comme les fibres, les protéines, les fruits, les légumes, et les légumineuses. 

Le score global est calculé, dans la majorité des cas, en soustrayant les points positifs aux points négatifs. Ce résultat est ensuite converti en une lettre et une couleur pour un affichage clair et simple. Les produits les mieux notés sont ceux qui apportent davantage de bénéfices nutritionnels tout en ayant une faible teneur en éléments à limiter. Ce système est basé sur des données fiables et actualisées, en accord avec les recommandations des autorités sanitaires. 

 

Les limites et critiques du Nutri-Score

Malgré ses nombreux avantages, le Nutri-Score n’est pas exempt de critiques : 

  • Simplification excessive : Certains reprochent au Nutri-Score de ne pas tenir compte de la taille des portions ou de l’importance des aliments dans un régime global. Par exemple, consommer un produit bien noté en trop grande quantité pourrait avoir des effets négatifs. 
  • Produits complexes : Pour des produits comme l’huile d’olive ou le fromage, le Nutri-Score peut apparaître trompeur. Une huile riche en acides gras insaturés, par exemple, obtiendra une note moyenne, bien qu’elle soit bénéfique dans certaines proportions. 
  • Volontariat : L’absence de caractère obligatoire limite son adoption, bien que de plus en plus d’industriels et de pays s’y réfèrent. Une adoption universelle permettrait de renforcer son impact.

 

Perspectives d’évolution de l’étiquetage nutritionnel

  • Extension internationale : Certains pays, comme la Belgique, l’Allemagne ou l’Espagne, ont adopté le Nutri-Score. Un déploiement à l’échelle européenne pourrait en faire un standard universel et accélérer son adoption par les industriels. 
  • Amélioration de l’algorithme : Un nouvel algorithme, initialement prévu pour 2024 et déjà mis en place dans six pays européens, propose plusieurs évolutions : 

Une meilleure classification des boissons, incluant les boissons lactées et boissons végétales tout en pénalisant les boissons édulcorées. 

Une distinction affinée des produits céréaliers complets par rapport aux produits raffinés. 

Une revalorisation des huiles bénéfiques, telles que l’huile d’olive et l’huile de colza. 

Une prise en compte plus précise des teneurs en sel et en sucres. 

  • Adoption en France : En janvier 2024, 1 359 entreprises en France s'étaient engagées à utiliser le Nutri-Score, reflétant une adoption croissante malgré son caractère volontaire. Toutefois, la France tarde à officialiser le nouvel algorithme, contrairement à ses voisins européens. 
  • Éducation des consommateurs : Le Nutri-Score pourrait être complété par des campagnes de sensibilisation pour aider les citoyens à mieux comprendre l’importance d’un régime équilibré dans son ensemble. Des initiatives dans les écoles, les médias et les communautés locales pourraient renforcer son impact. 
  • Caractère obligatoire : La généralisation du Nutri-Score, imposé à tous les fabricants en Europe, serait une étape majeure pour accroître sa portée et son impact. Une réglementation harmonisée permettrait de lever les disparités actuelles et de simplifier l’expérience d’achat des consommateurs. 
  • Intégration digitale : Avec l’essor des outils numériques, des applications pourraient intégrer le Nutri-Score pour offrir des recommandations personnalisées en fonction des besoins de chacun. Par exemple, scanner un produit en magasin pourrait fournir des conseils diététiques adaptés à des profils spécifiques, comme les sportifs ou les personnes souffrant de pathologies chroniques. 
  • Renforcement des recherches scientifiques : Des études longitudinales pourraient évaluer l’impact réel du Nutri-Score sur les comportements alimentaires et la santé publique. Ces recherches pourraient également inspirer des adaptations futures pour répondre à des enjeux spécifiques, comme les besoins des enfants ou des personnes âgées.

 

Nutri-Score : un levier nécessaire pour une alimentation plus saine

Le Nutri-Score est un outil innovant et largement plébiscité pour favoriser une alimentation plus saine et équilibrée. S’il reste perfectible, son impact positif sur la santé publique et la responsabilisation des industriels est déjà significatif. En s’inscrivant dans une démarche globale d’éducation et de prévention, il pourrait devenir un levier incontournable pour améliorer la qualité de vie des citoyens, réduire les inégalités nutritionnelles et faire progresser la santé publique à l’échelle mondiale. Alors que les défis liés à la nutrition ne cessent de croître, le Nutri-Score se positionne comme une réponse efficace et adaptable aux besoins des populations, offrant ainsi un outil précieux pour les générations futures.